Je n'en reviens pas de la qualité de vos participations au concours de scénarios! Merci mille fois pour votre implication et votre créativité, j'ai pris tellement de plaisir à tous vous lire. C'est très difficile de choisir le gagnant du concours pour moi, miss indécise (je suis balance ascendant balance voyez-vous!). J'en avais sélectionné 9, Comptoir des Cotonniers en a choisi 3 sur ma séléction, et maintenant je dois élire le meilleur... mais j'ai beau les lire et les relire, je n'y arrive pas!
Du coup, je vous les ai mis tous les trois dans cet article, et je compte sur vous pour me dire quelle est votre histoire préférée.
Histoire N°1 : La couleur de ses yeux, jadis si bleus, reflétait désormais l’ombre des nuages dans le ciel. Le bruit des larmes donnerait bientôt le rythme à cette triste complainte d’automne avec sa pluie et son vent qui emporterait avec elle les derniers souvenirs d’amour. Mais non elle ne pleurerait pas. C’était fini. Un dernier regard en arrière, elle entend le bruit de sa moto résonné comme un cri lointain, puis plus rien. Elle se retourne et marche, seule. Sa fierté et son manteau de coton pour seuls remparts contre la pluie et les larmes. Cette armure finalement c’était lui qui lui avait forgé. Ses mensonges. Ses cadeaux. Ses promesses. « T’es heureuse ? On appelle ça un Trench-coat, j’en portais un pendant la guerre et voilà que maintenant on les vend aux dames élégantes des beaux quartiers. Je les vois défiler toute la journée derrière le comptoir. Elles le veulent toutes ! ». Ce souvenir lui revient en mémoire pendant qu’elle continue à marcher. Elle entend le bruit de sa moto et sait qu’il va recommencer. Elle noue sa ceinture autour de sa taille et lève la tête. Il lui tend la main, une dernière promesse jetée dans un élan de désespoir. Non, tu peux partir, c’est fini. Sa peau était comme du coton, grise et douce. Il avait les épaules larges et donnait un sentiment de force et de confiance comme si avec lui, rien de mal ne pourrait jamais arrivé. Ses lignes régulières, la parfaite symétrie de ses traits. Il était beau. Il était grand. Malgré la vigueur de ses membres, il n’en était pas moins raffiné. Il plaisait à toutes les femmes. Lorsqu’elles passaient devant lui, elles rêvaient de l’emporter avec elles, ou l’inverse peut-être. Quand il l’enlaçait, elle savait qu’il l’a protégerait contre la tempête et le froid, contre la brutalité des autres. Il avait révélé sa féminité. Mais c’était quand il nouait les bras autour de sa taille qu’elle se sentait vraiment femme. Il l’avait faite femme… Elle savait qu’il était temps d’ôter ce manteau qui lui avait offert, elle devait lui dire adieu.
Mais où trouver le courage ? L’amour est atemporel, et le chagrin aussi. Comme dans un film, elle se voyait l’actrice de sa propre vie. Ses maquilleuses, ses habilleuses, son directeur de la photographie, son script… Ils étaient tous là et lui disaient quoi faire désormais. Oui, si elle était Deneuve, Truffaut lui dirait « Tu es insoumise, alors ris, ris. C’est cruel la liberté. » Elle porterait un chapeau rond, une cape courte et des bottes de cuir faites pour marcher. Elle chevaucherait une vespa et s’envolerait vers le sud. Cap sur le danger, sur la passion, sur l’absolu. Il l’avait rendu femme, avec ce beau et long manteau gris qui la protégeait des autres, comme dans une chrysalide. Mais le papillon s’était épanoui à présent. Ses cheveux dorés et le bleu de ses yeux défiaient la chaleur du soleil ; elle déploya les pans de sa cape de coton noir et en fit des ailes. Le regard lumineux, le rire aux lèvres, elle s’envolait vers le soleil, cap sur la vie.
Histoire N°2 : Où suis-je ? À l'instant je flânais dans les rues parisiennes à la recherche de la pièce mode : un trench, cet intemporel élégant et unique .... Je l'ai trouvé ! Je sentais l'odeur de la pluie arriver, les badauds se hâter à la recherche d'un abri ... J'enfilais mon nouveau trench, sûre de moi, sûre de ma féminité. Je me sentais enrober de douceur ... tel un tourbillon suave et confortable. Je fermais les yeux afin de savourer cet instant. Je les rouvris mais ... à ma grande surprise, je n'étais plus dans les rues humides de la capitale mais sur un chemin entouré de champs ... un village au loin et, un homme sur une vespa ....
Qui est-ce ? Où suis-je ?
Étrangement, je ne suis pas inquiète. Pour pallier à la sensation de fraicheur soudaine, je décide de marcher en direction des habitations. Je réfléchis, emmitouflée dans ce mystérieux trench. J'avance, perdue dans mes pensées, m'interrogeant sur ce qu'il m'arrive lorsque l'homme à la vespa arrive à ma hauteur, me tend la main et m’interpelle :
- Bongiorno, sono Gabriele. Non spaventarti, sali e saprai cio che ti capita
Mais oui bien sûr pensais-je, l'Italie ... mais, comment est-ce possible ? Je fis signe que non, refusant sa main tendue ... Je ne pus m'empêcher d'y penser ... il portait un tee-shirt blanc, un chapelet, s’appelait Gabriele .... Je ne le voyais plus mais là, non loin de moi, un paquet avec mon nom "Elsa". Il était évident que ce Gabriele l'avait déposé. Comment connaissait-il mon nom ? Tout était de plus en plus flou.
Prenant mon courage à deux mains, je décidais d'ouvrir le présent : une note
"Tu veux voyager, être unique, être toi ... enfile-moi" et une cape magnifiquement moderne.
La rêveuse intrépide que je suis déboutonna de suite le trench, pour revêtir cette cape. C'était la seule solution afin d'avoir le fin mot de l'histoire .... et là, encore ce tourbillon tel un cocon, mes yeux se ferment…Brusquement réveillée... À Londres ??!! En face de Big Ben !!! Mon dieu ! Ce sont donc les manteaux qui provoquent ces voyages intempestifs ! Encore sous le choc, je remarque à peine qu'un taxi noir s'est arrêté devant moi, la porte arrière s'ouvre …
Gabriele ! En blanc avec son chapelet !
- Bonjour Elsa... vas-tu me suivre cette fois-ci ?
J'opte pour le taxi .... Je veux une explication ....La portière claque. Gabriele se tourne vers moi, comme lumineux, et, d'une voix posée m'explique l'incroyable : il a besoin de mieux connaitre la nature humaine et que lui est une version moderne de l'ange Gabriel. Il souhaite offrir la possibilité à une personne de découvrir à souhait différentes cultures, pays et d'en connaitre les valeurs. Le but serait pour lui, d'avoir de la compagnie, un point de vue humain et surtout d'être guidé dans un monde qui n'est pas le sien.
Je restais bouche bée, émerveillée et effrayée à la fois. .... Pourquoi un trench ? Pourquoi une cape ?
Gabriele s'attendait à cette question et n'en fut donc pas du tout surpris. Il me dit que pour lui, ces pièces vestimentaires représentaient la liberté et la chaleur .... C’est savoir s'exprimer, savoir se protéger .... Du froid, des maux. Je compris instantanément qu'il y avait insufflé de sa magie. Cependant, pourquoi moi ?
Il sourit et me dit qu'il m'avait observé. Il me flatta en parlant de mon altruisme et de ma générosité. Je rougis.
Il me dit qu'à chaque fois qu'un de ces "voyages" s'imposeraient, un message me parviendrait sous une forme ou une autre ... je n'aurais alors qu'à passer le trench ou la cape pour m'envoler vers ces contrées .... Pour me sentir libre d'explorer le monde, libre d’être moi .... Avec lui ....
Histoire N°3 : Elsa avait choisi, elle ne voulait pas suivre une destinée tracée selon les souhaits de son père : travailler dans l'exploitation agricole familiale comme ses deux frères et sa sœur. Elle aimait cette vie rurale et paisible au grand air mais elle était animée de rêves d’ailleurs, de soif de découvertes et de nouvelles rencontres. Cependant, après l’obtention du certificat d’étude, sa famille ne pouvait pas la laisser poursuivre des études à son grand regret. Avec les économies réalisées grâce à son petit boulot de vendeuse de fruits et légumes sur le marché du village, elle décida de partir dans un pays vers lequel elle rêvait d’aller depuis sa tendre enfance : l’Angleterre. C’est alors qu’Elsa quitta ce village tant aimé pour devenir jeune fille au pair dans une bonne famille londonienne de Notting Hill, laissant derrière elle son flirt de jeunesse : Thomas, le fils du vigneron, qu’elle avait rencontré sur le marché et avec lequel elle avait eu ses premiers émois, ce cœur palpitant et des étoiles plein les yeux. Durant son année londonienne, Elsa pensait souvent à lui, il lui envoyait des courriers enflammés et culpabilisait de ne pas l’avoir retenue. Néanmoins, elle avait changé de vie maintenant, vivait en métropole, côtoyaient les gens de la ville, s’imprégnait d’une nouvelle culture et profitait de cette liberté qui s’offrait à elle. Les grands rassemblements de jeunes à Tower Bridge, les premiers concerts des Beatles et des Kinks, les représentations des pièces de Shakespeare au théâtre du Globe, les ballades de nuit auprès de la Tamise, elle goûtait à une nouvelle vie avec cette famille charmante qui l’accueillait. Le printemps arriva et Judith, la mère de famille lui proposa de rentrer passer quelque temps chez elle durant la période estivale avant de les retrouver sur la côté anglaise, à Brighton. 26 Juin 1965, 14h, , à l’approche du départ, Elsa était à la fois excitée de ce retour en terre natale et mélancolique de quitter cette ville à laquelle elle s’était tant attacher. A l’arrivée en gare provinciale, il était là, elle l’aperçut au loin, des fleurs à la main, il avait changé mais il arborait toujours ce regard aussi perçant et profond, elle se dirigea vers lui le souffle haletant et les mains moites. Face à face, les yeux dans les yeux, c’est comme si le temps s’était arrêté, Thomas la serra dans ses bras en lui murmurant à l’oreille à quel point elle lui avait manqué. Il l’emmena sur son vespa, il lui avait préparé une surprise, elle le tenait par la taille comme si rien n’avait changé, la tête sur son épaule. Au bord d’un champ, à l’ombre d’un cerisier, à la lueur du crépuscule, il lui avait préparé un dîner romantique. Complicité et magie entouraient ce repas, entre rires et regards audacieux, ils partageaient un pur moment de bonheur.
Elsa le sentait au plus profond d’elle, il l’attirait, elle l’embrassa et ils passèrent la nuit ensemble. Réveillée à l’aube par le chant des oiseaux, elle était en proie au doute, elle aimait Thomas mais cette vie ici ne lui offrait pas les perspectives d’avenir dont elle rêvait. Les yeux humides, la voie tremblante, elle lui annonça sa décision : elle souhaitait retourner à Londres et commencer des études de théâtre. Dans un élan mêlant tristesse, déception et colère, il la déposa sur le bord d’une route en l’accusant de lui avait fait croire en une relation qu’elle ne lui offrirait finalement pas. Elle le regarda partir au loin puis marcha dans l’autre sens, vêtue du trench offert par Judith pour son anniversaire, le regard vide, la culpabilité qui s’emparait d’elle, le vent glacial dans le dos. Elle réfléchissait encore et encore, était-ce le bon choix ? Elle noua ce trench qui lui remémora tant de souvenirs : cette ville qu’elle affectionnait tant, Bryan, le garçon rencontré au concert des Beatles, la complicité qu’elle partageait avec Judith, la possibilité de suivre des études qui la passionnaient…Le bruit du vespa retentit derrière elle, il était là, la suppliant de rester, lui promettant de lui offrir une vie meilleure mais elle venait de réaliser une chose : avec Thomas, c’était un très belle parenthèse enchantée mais ce à quoi elle aspirait vraiment se trouvait ailleurs. Le cœur lourd mais animée par la soif de liberté, elle refusa ses propositions et la main qu’il lui tendait. Avant de repartir, Elsa désirait ramener quelque chose de son village, elle alla avec sa mère chez la couturière du village qui tenait une petite échoppe et elle tomba littéralement sous le charme d’une cape bien chaude, idéale pour affronter les hivers anglais. Sa mère déposa un béret sur sa tête et lui dit « N’oublies pas que je pense à toi chaque jour et que je crois en toi ». Elle la serra une dernière fois dans ses bras avant d’entamer ce long trajet en direction de Brighton, Elsa se sentait rassurée et plus forte que jamais. Au courant du mois de Septembre 1965, elle entama des études de théâtre dans une prestigieuse école d’art dramatique londonienne.
26 Février 1970, Elsa, devenue une comédienne reconnue, donnait une représentation de Roméo et Juliette de Shakespeare à La Comédie Française à Paris. Une fois, la représentation terminée, elle regagna sa loge et y trouva une enveloppe. Intriguée, elle s’empressa d’ouvrir la lettre : « Tu as été superbe dans cette représentation, je ne t’ai jamais oublié et j’ai aussi poursuivi mes rêves à la capitale, es-tu prête à vivre une romance parisienne ? Retrouves-moi sur le pont des Arts dans 2h. Thomas ». A la fois stressée et pressée de la retrouver, elle mit son béret et décida d’aller à sa rencontre. To be continued…
26 Février 1970, Elsa, devenue une comédienne reconnue, donnait une représentation de Roméo et Juliette de Shakespeare à La Comédie Française à Paris. Une fois, la représentation terminée, elle regagna sa loge et y trouva une enveloppe. Intriguée, elle s’empressa d’ouvrir la lettre : « Tu as été superbe dans cette représentation, je ne t’ai jamais oublié et j’ai aussi poursuivi mes rêves à la capitale, es-tu prête à vivre une romance parisienne ? Retrouves-moi sur le pont des Arts dans 2h. Thomas ». A la fois stressée et pressée de la retrouver, elle mit son béret et décida d’aller à sa rencontre. To be continued…
Alors? Le 1, 2 ou3? J'ai besoin de vous!